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feuilles de choux
21 février 2010

J'AI VOULU PORTER L'ÉTOILE JAUNE

arton16444_97ee1Auteur: Françoise SIEFRIDT

Editeur: LAFFONT

Quatrième de couverture:
C'est le jour même de l'ordonnance nazie imposant le port d'un insigne à tous les Juifs que Françoise Siefridt, une étudiante chrétienne de dix-neuf ans, décide d'arborer l'étoile jaune avec l'inscription " Papou ", pour en dénoncer le caractère barbare et humiliant. Un geste de solidarité courageux qui lui vaut d'être aussitôt arrêtée par la police française. De juin à août 1942, au cours de son internement comme " amie des Juifs " aux camps des Tourelles puis de Drancy, Françoise Siefridt a tenu un Journal dans lequel elle rapporte les scènes poignantes dont elle a été témoin.

Mon avis

Bien évidemment le journal de Françoise Siefridt est un témoignage, mais la préface et les annexes en font d'avantage un documentaire historique.

Le livre se découpe de la façon suivante:

  1. Préface deJacques Duquesne (journaliste écrivain)
  2. Journal de Françoise Siefridt
  3. La postface de Cédric Gruat (historien)
  4. Les annexes

La préface de Jacques Duquesne est difficile à lire. Les phrases sont longues et le contenu est extêmement documenté ce qui implique des commentaires et ajouts en fin de page. Au niveau de la forme, il arrive parfois que ces commentaires ne tiennent pas sur une même page ce qui oblige le lecteur à faire des aller retour dans le livre. Ceci est vrai également pour les annexes et certains commentaires dans le journal même de Françoise Siefridt. Jacques Duquesne tente de placer le lecteur dans le contexte historique et explique le positionnement de l'Eglise catholique par rapport à 'étoile jaune ou plus exactement les positionnements des dignitaires de l'Eglise et du gouvernement de Vichy.

Le journal de Françoise Siefridt se lit facilement. Elle y relate les journées passées dans les différents lieux de détention: le commissariat, les Tourelles, puis Drancy.

Dans un premier temps il est clair que Françoise Siefridt en décidant de porter l'étoile jaune a suivi un mouvement étudiant et a voulu porter cette étoile pour soutenir les juifs de façon pacifique et sans trop s'engager. Elle n'a pas mesurer l'ampleur de son acte ni ses conséquences. Le port de l'étoile jaune est un geste derésistance et de provocation. Les amis des juifs sortis de Drancy se sont engagés par la suite dans des actions moins visibles mais plus efficaces pour les juifs.

Dernièrement j'ai écouté le témoignage de Marie-Thérèse Fainstein Lefebvre, résistante et déportée. En lisant le journal de Françoise Siefridt, j'ai retrouvé des similitudes au niveau du ton. Toutes deux parlent des conférences, du désirs d'apprendre de se cultiver. Toutes deux évoquent la solidarité (partage des colis) et le besoin d'être utile (s'occuper des autres). Les amitiés se lient rapidement et sont brisées par l'isolement et la déportation. Dans les deux témoignages on retrouve aussi la bienveillance de certains gendarmes et gardiens. Ni l'une ni l'autre ne parle de leur ressenti. Les allemands ont agi de telle sorte qu'il y ait une bannalisation de la souffrance et de la mort.

"C'est l'intelligence seule qui fonctionne, le coeur reste inerte"  (extrait du journal de Françoise Siefridt)

Mme Fanstein racontait qu'elle ne pouvait pas pleurer sa grand-mère décédée...Elle avait vu trop de mort. Après Ravensbrück elle dit aussi ne plus jamais avoir eu peur.

La postface semble très pédagogique.Cédric Gruat reprend certain passage du journal et les analyse en donnant des compléments d'informations. Monsieur Gruat est un excellent pédagogue et son anlyse est intéressante et à la portée du lecteur. L'écriture est claire et fluide tout en étant documentée. Cette analyse du texte permet d'éclairer les mots écrits par Françoise Siefridt.

Les annexes:

Elles permettent de situer ou plus exactement de resituer les lieux et les personnages dans leur contexte politique et historique.

Je trouve remarquable le fait que Françoise Siefridt ait attendu tant de temps pour confier son journal. J'imagine que la postface de Monsieur Gruat  a été écrite d'après l'éclairage que Françoise Siefridt a voulu donner à ce journal. J'aurais aimé qu'elle puisse parler elle-même de ses motivations, de ce que ces journées de détention avaient changé pour elle. Je comprends aussi que ce soit difficile.

"Je regarde à travers la vitre. les passant marchent librement . Le ciel est bleu. Je suis libre! Que c'est beau la liberté! Mon Dieu, merci!"

Face à l'horreur de la déportation, les camps et l'extermination, le cri de joie de Françoise Siefridt pourrait choquer, mais il ne faut pas oublier son jeune âge et l'instinct de vie. Comment ne pas se réjouir d'être sortie de l'antichambre de l'enfer.

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