SO SCHOCKING

SO SCHOCKING                  

Auteur: Alan BENNETT                   

Editions Denoël    

Traduit de l’anglais par Pierre Ménard                    

 4^ème de couverture

Mrs Donaldson et Mrs Forbes ont la cinquantaine. Mariées et mères de famille, elles sont ce que l'on pourrait appeler des "femmes respectables" de la middle-class anglaise. La première, vieille dame effacée que le veuvage vient de libérer d'un mariage trop ordinaire, s'apprête à goûter à la solitude altière et digne à laquelle son nouveau statut la prédispose. La seconde, matrone surprotectrice, a des idées bien arrêtées sur tout, et voit d'un oeil critique les noces de son fils Graham, conseiller bancaire séduisant et passablement narcissique, avec la disgracieuse Betty. Mais voilà qu'un souffle libertin vient bousculer ce havre de respectabilité petit-bourgeois. Mrs Donaldson devient la logeuse de deux étudiants en médecine qui, en fait de loyer, offrent leurs ébats sexuels à ses regards voyeuristes. Quant à Mrs Forbes, il faut toute la ruse de son entourage pour lui camoufler les frasques de son fils, homosexuel non avoué, qui assouvit ses pulsions en louant les services d'un prostitué. Fantaisie impertinente sur une libération sexuelle tardive et farce familiale se mêlent ici pour un régal de lecture impudique et subversive.

Mon avis

Ces deux nouvelles, à l’humour « so british » ne m’ont pas choquée, mais m’ont fait passer un bon moment de détente.

Mrs Donaldson, que le veuvage libère, doit trouver un moyen d’arrondir les fins de mois. Son travail de pseudo-comédienne à l’hôpital lui permet de rencontrer du monde, de se faire des amis. Elle excelle dans l’art de la comédie. L’arrivée dans sa vie d’un couple d’étudiants, va la faire basculer lentement vers le voyeurisme. Le récit n’est jamais vulgaire, seulement très décalé et amusant. Le doute s’installe : qu’est-ce que les locataires ont réellement raconté, que sait-on de ses aventures ? C’est la porte ouverte aux quiproquos. L’avantage de l’âge serait-il de franchir les interdits ?

L’autre nouvelle est construite sur des non-dits. Chacun connait  des vérités qu’il ne partage pas avec les autres pour maintenir un ordre qui doit être. La belle fille disgracieuse est loin d’être bête et se montre attrayante au lit. Les trompeurs sont les trompés et c’est digne du théâtre de boulevard.

Il ne faut pas rechercher dans ces nouvelles, l’humour de « la reine des lectrices ». C’est très différent. L’auteur dépeint là une société anglaise excellant dans l’art du faire semblant.